Historique

L’Orchestre d’Harmonie de Schiltigheim dans sa configuration actuelle est le résultat d’une fusion de deux très anciennes harmonies schilickoises : l’Harmonie La Fanfare, créée en 1877, et l’Harmonie Sainte Cécile, créée en 1908. Cette fusion a eu lieu en novembre 1985, donnant naissance à l’Harmonie Schiltigheim, devenue Orchestre d’Harmonie de Schiltigheim en 2017.

Ces deux harmonies qui ont fusionné étaient d’origines très différentes par leur engagement : la Fanfare est née durant la période de l’annexion allemande du besoin de stimuler un sentiment patriotique français, l’harmonie Sainte Cécile, au tout départ baptisée « La Concordia », est pour sa part l’entreprise d’un curé catholique de la Belle Epoque. 

L’Harmonie La Fanfare de Schiltigheim

Texte repris intégralement du programme du concert du 100e Anniversaire de l’Harmonie La Fanfare en 1977 à la Salle des Fêtes de Schiltigheim.

Les origines de La Fanfare remontent à l’année 1877 où M. Guillaume DUCART, ancien chef de musique de l’armée française, créa à Schiltigheim sous le nom de FANFARE DE SCHILTIGHEIM un groupement d’une vingtaine de musiciens qui, après la malheureuse issue de la guerre de 1870-71, ressentant le besoin de se serrer les coudes entre Alsaciens sous le nouveau régime et désireux d’éviter tout contact avec les Allemands, formèrent la FANFARE DE SCHILTIGHEIM sous la présidence de M. Daniel RHEIN.

Si le but avoué de cette nouvelle association était la culture de la bonne musique, elle s’était tracée secrètement un autre devoir auquel jamais elle n’a failli : c’était d’entretenir l’amour de la patrie perdue parmi les jeunes gens surtout, particulièrement exposés aux influences fâcheuses par leur première instruction dans les écoles allemandes. Aussi, ces tendances patriotiques (et patriotique, à l’époque, voulait dire germanophobe) la mirent-elles en butte à des tracasseries et chicaneries incessantes de la part des autorités allemandes, ce qui ne l’empêche point de montrer publiquement son vrai visage en jouant en 1909, conjointement avec la fanfare Sellenick-Vogesia de Strasbourg, La Marseillaise, lors de l’inauguration du monument aux soldats français, morts pour la patrie en 1870-71. C’était la seule et unique fois d’ailleurs que notre hymne national retentit sur notre terre d’Alsace, pendant toute la durée de l’annexion allemande. Chose étonnante, la FANFARE ne fut pas dissoute, mais la haine des policiers allemands à son égard en subit un renouveau d’intensité. Mais, malgré toutes les chicaneries, les autorités allemandes n’arrivèrent pas à paralyser son activité sans cesse grandissante.

Ainsi, outre de nombreux concours régionaux, elle a obtenu, pour la première fois, une médaille d’or en 1891. La FANFARE a participé aux concours internationaux suivants :

  • 3 et 4 juin 1906 à Paris (cf. photo ci-dessus)
  • 16 et 17 juin 1907 à Nancy
  • 14 et 15 août 1910 à Reims

Chaque fois, elle est rentrée couronnée de succès et au concours de Reims elle fut classée en division supérieure.

Vint la guerre de 1914-18. Dissoute au début des hostilités, les musiciens de la FANFARE reprirent le lendemain de l’armistice les répétitions pour être en mesure de recevoir les poilus de France à leur entrée victorieuse en Alsace. Dès ces mémorables journées, les membres de LA FANFARE exprimèrent le désir de remplacer, sitôt que les circonstances financières le permettaient, son drapeau protestataire aux couleurs vert et rouge par l’emblème aux couleurs de notre vraie patrie. C’était déjà le 22 mai 1921 que ce désir se réalisa.

De 1918 à 1939, la Société a connu un développement sans pareil et c’est durant cette période qu’elle a eu ses plus nobles lettres musicales, en participant à de nombreux concerts nationaux et internationaux et en glanant les plus belles récompenses. C’était aussi l’époque des grands voyages : à VITTEL, dans le Mâconnais et le Beaujolais, enfin à VERDUN, cité martyre de la guerre de 1914-18. A son répertoire, figuraient notamment des œuvres de Beethoven, Berlioz, Delibes, Massenet, Mendelssohn, Rimksy-Korsakov, Saint-Saëns, Schubert, Strauss, Tchaïkovski, Wagner et Weber … Dissoute une seconde fois en 1940 par les autorités occupantes, les membres de la FANFARE se sont réunis au lendemain de la libération de Strasbourg et de ses faubourgs par le général Leclerc et sa vaillante division autour de leur drapeau tricolore, qui grâce à une habile et audacieuse manœuvre a pu être soustrait aux occupants. Certes, la Société, qui avait perdu nombre de ses anciens membres par suite de la guerre et qui avait été spoliée en partie, était complètement à réorganiser, mais par le zèle et par le dévouement des membres restés, elle a su faire face à toutes les difficultés du début de la reprise.

Les Présidents de l’Harmonie  » La Fanfare  » de Schiltigheim
Depuis sa fondation à nos jours :

  • MM. RHEIN Daniel 1877 à 1885
  • FRITSCH Chrétien 1885 à 1888
  • SCHMIDT Edmond 1888 à 1892
  • MUHLEISEN Alfred 1892 à 1898 (ancien député protestataire)
  • ZINCK Jean-Pierre 1898 à 1911
  • PFINDEL Charles 1911 à 1918
  • RIFF Georges 1918 à 1933
  • Dr REHBERGER Henri 1933 à 1953
  • RIEHL Charles 1953 à 1968
  • BURCKEL Jean-Claude 1969 à (député du Bas-Rhin) …

LA BAGUETTE DE DIRECTION a été tenue successivement par :

  • MM. DUCART Guillaume 1877 à 1886
  • SCHMIDT Xavier 1886 à 1890
  • KLEIN Emile 1890 à 1891
  • SCHMIDT Xavier 1891 à 1896
  • ROTH André 1896 à 1918
  • ANGLESI Emile 1918 à 1921
  • KLEIN Valentin 1921 à 1926
  • HUBLART Jules 1926 à 1931
  • SCHLUB Charles 1931 – 1974
  • CLAUSS René 1974 – 1976
  • FRIGAU Pascualino depuis 1976

L'Harmonie Sainte Cécile de Schiltigheim

Texte repris intégralement du programme du 50e anniversaire de l’Harmonie « Ste-Cécile » Schiltigheim. Festivités qui ont eu lieu les 14 et 15 juin 1958 au Parc Ehrhardt (devenu entretemps le Parc Léo Delibes) à Schiltigheim.

En fondant le cercle catholique des hommes en 1904, l’ancien curé, Monsieur le chanoine RIEHL, exprima le désir de créer conjointement une section de musique catholique. Ce n’est qu’après le grand congrès eucharistique de 1905 que son désir devait se réaliser. Tout d’abord une poignée d’hommes, exactement 7, se réunirent pour former la modeste section. Ce furent MM. Merckler Henri (trompettiste et chef), Fritsch, Vonau, Ehrhard, Banke, Hindenoch et Weinsteffer, les pionniers de cette entreprise qui, décidés de réussir, se rallièrent à la section théâtrale sous la présidence de M. Cromer. Dès sa création cet embryon de musique sut acquérir la faveur du public et susciter l’intérêt des jeunes pour ce bel art. C’est ainsi que très rapidement l’école de musique amena de nombreux élèves au profit de la section qui commença à s’agrandir petit à petit.

Déjà en 1908 cette musique devenue plus importante a décidé de former une Société indépendante qui prit nom de  » CONCORDIA  » sous la présidence de M. LEPPERT et sous la direction de M. MERLKER. Animés d’un esprit de franche camaraderie et d’ardeur pour la bonne chose, ces hommes, dont le nombre atteignit 33 dès 1911, commencèrent l’ascension de la Société pour l’amener à un niveau imposant qui ne diminua plus jusqu’à la guerre de 14-18.

Au 1er concours de la F.S.C.M. qui se tient à Guebwiller en 1911, cet ensemble musical sut remporter les premiers prix d’honneur permettant de se hisser dans la 2e division. Rehausser l’éclat des fêtes religieuses et élever l’âme vers plus haut étant la devise de ces musiciens, la société prit part entre autre à la grande journée catholique de Metz en 1913.

Il est impossible de citer toutes les activités et participations dont ces hommes surent s’acquitter avec un intérêt toujours croissant. De nombreuses manifestations et excursions demeurent mémorables pour plus d’un ancien soit de la musique, soit de la chorale, sa sœur inséparable.

Malheureusement la guerre 14-18 mit fin à ce bel essor. En 1919, à l’appel des anciens membres, beaucoup d’entre eux hélas ne répondirent plus. L’atroce guerre les avait dérobés à l’affection des leurs et de la Société. D’autres sociétaires s’étant éloignés pour une raison ou une autre de Schiltigheim, plusieurs tentatives de refondre l’orchestre sont demeurées infructueuses. A M. Merkler succéda M. Goetschen qui dut remettre la baguette à M. Matter sans parvenir à sortir de cette impasse. Un ultime appel à tous les anciens eut enfin un écho favorable et l’on procéda à une reconstitution de la musique qui se mit alors sous la protection de Sainte Cécile. Avec entrain recommença le travail qui ne manqua pas d’apporter ses fruits.

En 1924 c’est M. Merkler qui reprit son poste de directeur aidé par M. Novack – Président et, dès lors, la Sainte Cécile connut succès sur succès jusqu’à la guerre de 39. Parmi les multiples manifestations qui ont jalonné le chemin de la Société durant cette longue période citons :

  • Concours de musique et de gymnastique à STRASBOURG en 1921
  • Concours de musique et de gymnastique à OBERNAI en 1922
  • Concours de musique et de gymnastique à GRAFFENSTADEN en 1923
  • Concours de musique et de gymnastique à MULHOUSE en 1924
  • Concours de musique et de gymnastique à COLMAR en 1927
  • Concours de musique et de gymnastique à SCHILTIGHEIM en 1933
  • Concours de musique et de gymnastique à COLMAR en 1935
  • Pèlerinage à LOURDES en 1931
  • Pèlerinage à LISIEUX en 1932

En 1934 ce fut le pèlerinage à Maria-Einsiedeln en compagnie du regretté curé Dr. ROBEIN qui fut un grand admirateur et bienfaiteur et auquel la musique gardera toujours un pieux souvenir. Comme à la guerre de 1914 la Société connut un désastre en 1939. Pillage des instruments conservés à la maison des œuvres. Privée de direction, la Ste Cécile n’exista plus que dans le cœur de ceux qui espéraient une issue heureuse de la guerre.

Les animateurs infatigables ne désespéraient point et déjà, en 1945 grâce à leur intervention, la Ste Cécile participa à la procession de la fête Dieu. Cette première rencontre fut déterminante pour la vie de la Société qui dès lors se proposait. On ne peut passer outre, sans citer les diverses personnalités qui ont alterné soit comme directeur soit comme président soit encore comme Directeur spirituel et ont contribué pour une large mesure à la position acquise de notre chère Ste Cécile. Ce sont :

  • Monseigneur NEPPEL, ancien curé de Schiltigheim
  • M. Le Chanoine KELLER curé actuel
  • M. BERGER Joseph – Président
  • M. FUSS Charles – Président
  • M. VIX Alphonse – Président
  • M. HERRMANN Eugène – Vice-président
  • M. SCHEFFLER Charles – Directeur
  • M. SCHMITT – Directeur
  • M. HERRMANN Albert – Directeur

Quelques faits saillants méritent d’être relatés, tel le 40e anniversaire de la fondation en 1948 qui connut un succès très remarquable tant par le programme choisi que par la qualité de la musique offerte. Le concours de Graffenstaden en 1956 fut l’apothéose de ce temps d’après guerre. Les musiciens sous l’impeccable direction de M. HERRMANN Albert surent imposer et mériter le prix d’honneur avec félicitation du jury. A côté de ces fêtes marquantes, d’innombrables concerts, dirigés avec talent, ont permis de constater que non seulement le niveau musical a été maintenu mais que la camaraderie s’est encore affermie sous la devise  » fidèle à Dieu, à la Religion et à la Patrie  » devise figurant sur l’emblème du drapeau. Que la génération montante renforce nos rangs pour conduire la destinée de notre belle Société vers son épanouissement parfait, tel est le vœu formulé en ce jour par le comité et les musiciens.